Portrait

Le Portrait : Hermann, le courage en héritage

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, Savigny se souvient de l’un des siens : Hermann Aka Bile. Ce Savignien d’adoption, médiateur municipal au collège Louis-Armand, incarne la force tranquille de ceux qui, dans la nuit du Bataclan, ont choisi d’aider plutôt que de fuir.

Modifié le 30/10/2025

LE 13 NOVEMBRE 2015, LE COURAGE FACE À LA TERREUR

Ce soir-là, le Bataclan accueillait un concert d’Eagles of Death Metal. Parmi les agents de sécurité présents, Hermann Aka Bile, veillait à la sécurité des artistes, comme il le faisait depuis dix ans. Quand les premiers tirs ont retenti, il a d’abord cru à des pétards. Puis il a compris. Sans réfléchir, il ouvre les portes, guide les spectateurs paniqués, porte les blessés, et organise leur évacuation vers la sortie des artistes. Sous une pluie de balles, il continue à relever ceux qui tombent. À l’extérieur, il alerte une patrouille de police, avant de retourner dans la salle. « Je ne pouvais pas abandonner mes collègues. Le Bataclan, c’était ma maison », confie-t-il sobrement. Ce soir-là, Hermann a risqué sa vie pour en sauver d’autres.

DE LA NUIT DU BATACLAN AUX JOURS D’APRÈS

Les jours suivants, l’émotion cède la place au silence. Devant le Bataclan, les fleurs et les bougies recouvrent les trottoirs. Hermann revient sur les lieux, croise les visages des victimes, et prend la mesure du drame. « J’ai vu des gens que je connaissais. Je me suis souvenu de ceux que je n’avais pas pu sauver », raconte-t-il. Reconnu victime de guerre, il a longtemps porté seul le poids du traumatisme, avant d’accepter un suivi psychologique. Il admet aujourd’hui que ce soutien lui a permis de se reconstruire.

UN PARCOURS SEMÉ D’OBSTACLES

Hermann, arrivé enfant à Savigny, s’est toujours senti pleinement français. Pourtant, malgré son engagement et son courage, sa demande de naturalisation s’est transformée en un parcours long de sept années. Pourtant, plusieurs personnalités politiques, dont les plus hautes autorités de l’État, s’étaient engagées à soutenir sa démarche. Promesse restée sans suite. Ce n’est qu’en 2023, grâce à la mobilisation du député de la circonscription et du maire de la Ville qu’Hermann est enfin reconnu citoyen français à part entière !

Cependant, ce parcours administratif, éprouvant, n’a jamais entamé sa foi dans les valeurs de la République. « Je me suis toujours senti français. Ma vie est ici. J’aime les valeurs de ce pays », confie-t-il avec calme.

REVENIR À SAVIGNY, TRANSMETTRE ET PROTÉGER

Quelques mois après les attentats, Hermann rejoint la Ville de Savigny en tant que médiateur au collège Louis-Armand, l’établissement où il avait lui-même travaillé. Ce rôle, il l’assume avec conviction : « Je relève les jeunes en leur donnant le goût du travail et de l’effort. » Dans les quartiers, son parcours force le respect.

Les enseignants et les élèves voient en lui un exemple de courage et de persévérance. Pour beaucoup, il est un repère. « Il a une aura dans les quartiers. C’est un exemple pour la jeunesse », confie le maire.

Aujourd’hui encore, Hermann poursuit son engagement professionnel dans la sécurité des autres, fidèle à sa vocation : protéger.

UN SYMBOLE D’HUMANITÉ, D’HUMILITÉ ET DE RÉSILIENCE

Dix ans après les attentats du 13 novembre, Hermann continue de représenter cette force morale qui relie les épreuves individuelles à la résilience collective. À travers lui, Savigny rend hommage à toutes celles et ceux qui, dans les heures les plus sombres, ont incarné et incarne la fraternité et le courage.

Sa vie, son parcours et son engagement rappellent combien les valeurs de solidarité, d’altruisme et de respect demeurent au cœur de notre vivre-ensemble.

Avez-vous trouvé l’information recherchée sur cette page ?

OuiNon

Pour toute demande ou question, merci d'utiliser le formulaire « Nous contacter »