Face à l’augmentation du nombre de mineurs adoptant des conduites prostitutionnelles, Savigny-le-Temple a décidé de s’impliquer afin d’agir en amont, dans une démarche de prévention. Car aucune commune n’est épargnée. Riche ou moins dotée, en zone rurale ou en zone urbaine, ce phénomène, fortement lié à Internet, concerne toutes les collectivités. Facilité par les réseaux sociaux, le recrutement des victimes s’opère en effet à distance, sous couvert de faux profils, via des connaissances ou un « petit ami » souvent plus âgé, et conduit à la mise en relation avec des clients peu scrupuleux. Associations, police, assistantes sociales et partenaires spécialisés peuvent aider les victimes et leurs familles à se sortir de cette spirale. Elles peuvent également aider les parents à repérer et à interpréter les signes : existence d’un second téléphone avec des numéros inconnus qui sonne toute la journée, cadeaux, vêtements et objets de valeur cachés dans la chambre, douches à répétition, changement d’attitude…
À Savigny-le-Temple, plusieurs professionnels de la ville ont d’ores et déjà été formés pour mieux repérer ces situations et être à l’écoute des jeunes et de leurs familles. Par ailleurs, afin de prévenir les violences sexuelles envers les enfants, la référente prévention santé de la Ville intervient à la demande des enseignants auprès des élèves en élémentaire pour échanger avec eux sur le respect du corps et la notion de consentement.
Des temps d’échanges pour s’informer
Le sujet a été abordé le 13 mai dernier, à l'occasion de la conférence-débat « Réseaux sociaux et consentement : soyons bien informés ». Il fera l’objet d’autres temps de sensibilisation, avec les parents et les jeunes, dans les prochains mois. Un temps d’échange avec les familles sera notamment organisé le jeudi 26 juin, de 18h30 à 22h15, à l’Espace Prévert, place du Miroir d’eau. Au programme : forum avec des stands d’information tenus par des partenaires locaux et théâtre-débat avec la compagnie Le Cri de l'escargot, qui présentera le spectacle « Ne vous inquiétez pas ». La soirée sera animée par Aline Legraverend-Kra, Coordinatrice du dispositif AdoSexo - association ACPE (Agir contre la Prostitution des Enfants et les violences sexuelles). L’entrée est gratuite et l’inscription est conseillée via le formulaire en ligne ou par mail : s.estorgues@savigny-le-temple.fr), à partir de 14 ans.
« Je suis la porte d’entrée vers une première prise de conscience, lorsque des familles ont des doutes. Je les reçois et on essaye de décrypter ensemble les signes et les comportements. Je les aide à dégrossir la situation. Si le risque prostitutionnel est avéré, je peux leur présenter un panel de propositions pour les aider et pour aider la victime à verbaliser. Je peux ensuite faire le lien avec mes collègues en commissariat ou les orienter vers l’ACPE pour un suivi plus approfondi. »
Camille Souchard - intervenante sociale en commissariat – Contact : 06 48 90 56 75 /souchardcamille@espoir-cfdj.fr
« Ça peut concerner des adolescents dès 12 ans, de tous les milieux sociaux et dans toutes les zones géographiques. Chez les jeunes, la notion de prostitution n’a pas de sens. Ils sont dans un déni et ont l’impression qu’ils gèrent leur corps. Qu’ils sont dans un échange, en contrepartie d’une rémunération ou de cadeaux, d’un hébergement… On n’est pas dans un schéma de prostitution visible en bord de route. Via les réseaux, les personnes se rencontrent dans un Airbnb, un hôtel… Ces jeunes s’exposent à une situation d’emprise avec les dangers qui l’accompagnent : violences, chantages, addictions… Les pratiques sexuelles tarifées sont toujours des violences, il n’y a jamais de consentement. »
Aline Legraverend-Kra - Coordinatrice du dispositif AdoSexo - association ACPE (Agir contre la Prostitution des Enfants et les violences sexuelles) – Contact : alegraverend-kra@acpe-asso.org
« Présence importante d’argent liquide et d’objets de valeur, produits liés à la sexualité, tenues vestimentaires qui ne correspondent pas à l’âge de l’enfant, présence de plusieurs téléphones, changement de comportement… Si tous ces facteurs sont réunis, il y a des inquiétudes à avoir. Premier reflexe : en parler à l’enfant si la communication est possible, puis se tourner vers la Maison des solidarités, une assistante sociale ou la police. »
Brigadier-chef de la cellule de lutte contre le proxénétisme dans l’agglomération Melun-Val de Seine